dimanche 31 janvier 2010

Ça se bouscule

Bonjour à vous,

Tant d'idées se bousculent dans ma tête que j'en suis presque étourdi. Je suis dans une merveilleuse période d'excitation et de créativité comme ça fait un bout que je n'ai pas vécu et j'en suis ravi.

Écrire est un plaisir immense pour moi et je me gâte en le faisant. Mais je suis tributaire de ce cadeau d'écrire à des stimulants extérieurs qui sans le savoir, ont déclenché le processus.

D'abord en novembre dernier, une gentille dame Martine Quimper me demanda de lui écrire un article sur le jeu d'échecs. Cette invitation provoqua un éveil de ce plaisir endormi depuis quelque temps déjà. Puis de lire "Hébert parle échecs" sur Internet me donna le goût de faire de même, mais bien sûr dans mon domaine.

Je suis dans un moment privilégié de ma vie où ceux qui se disaient mes amis ont pris leurs distances et comme me disait Yvon Dallaire psychologue et écrivain : "il faut de la solitude pour bien écrire." Je me sens très bien en groupe et tout autant seul. La solitude me procure un monde d'idées rempli à ras bord.

J'ai repensé à la forme et au fond que je voulais donner à mes textes. En guise de réchauffement, ils seront assez disparates au gré de mes élans scripturaires et toucheront à tout ce qui me passionne.

C'est comme se remettre à l'exercice physique après un long temps d'arrêt, je ne sais trop par où commencer. Le fait d'écrire ce billet me demande quelques efforts, mais vous savez, ce genre d'effort payant. Payant en ce sens que celui-ci rétablira mon processus idéateur et ma fluidité à exprimer les choses.

J'ai travaillé depuis quelques mois en anglais sur Internet, alors de me retrouver dans une zone de confort linguistique me plaît bien.

Sans être présomptueux, je sais que j'ai des choses à dire et que j'ai un style plaisant à lire, ceux et celles qui m'ont laissé des commentaires en témoignent. Je dois cependant vous mettre en garde que je n'inventerai sans doute rien de révolutionnaire, mais que les idées énoncées ici et là seront de nature à vous éveiller dans votre propre créativité.

Créativité quel mot débordant et riche de sens. Beaucoup de théories se confrontent lorsque vient le temps de stimuler la créativité. Des écrivains prétendent qu'ils doivent s'astreindre à un rituel quotidien, se lever tôt, écrire 4 heures de suite, utiliser toujours le même lieu, la même table, etc.

Pour moi, il s'agit de partir d'une idée, d'un mot, d'une émotion et de la scamuer*. Je suis un oiseau de nuit (un hibou) donc mon moment privilégié pour mettre mes mots en forme est souvent la nuit.

Au plaisir de lire vos commentaires,

Sylvain

samedi 30 janvier 2010

Et ça continue

Bonjour à vous,

Je cherchais un titre honnête qui allait refléter exactement ce que je voulais dire. Je recommence, aurait été imprécis car, en fait, peut-on recommencer quelque chose qui est en constante évolution comme l'écriture.

Demandez à un écrivain quel est son meilleur livre et s'il y songe un peu, il vous répondra celui que je vais écrire. Qui sait où les mots nous mènent.

Dans les dernières années, je bloguais régulièrement sur le Journal du BRAS de la vie mais pour diverses raisons, j'avais ralenti la cadence. Ceux et celles qui veulent se régaler de ces nombreux textes vous trouverez le lien dans ma liste de blogs sur la gauche.

Je me suis délecté ces derniers jours à lire le journal hebdomadaire électronique d'échecs québécois Hébert parle échecs qui, depuis plus de deux ans, donne beaucoup d'informations et de notions très instructives sur le jeu d'échecs. À sa lecture, j'ai repris goût à écrire de nouveau sur ce qui me passionne depuis toujours: le BRAS de la vie.

La vie nous offre des choix, mais au bout du compte, c'est nous qui les faisons. Attribuer à ceci ou à cela la raison de notre abandon ou de notre persévérance serait seulement un aveu de notre incompréhension du fait que nous sommes maîtres de notre existence. Il nous incombe de prendre en main notre destinée en s'appliquant avec courage et opiniâtreté parfois, à poser des gestes pour aller au bout de nos convictions autrement, on passe à côté de ce qu'est la vie.

Je suis fier de moi, parce que simplement je fais ce que je me suis promis de faire.

Au plaisir de lire vos commentaires,

Sylvain

mardi 26 janvier 2010

Les échecs et les valeurs de vie

Quel drôle de titre me direz-vous? Écrire un article sur les échecs et les valeurs de vie, où l’auteur veut-il bien en venir? En fait, il s’agit de dresser un parallèle entre le jeu d’échecs et les valeurs de vie qui nous concernent tous.

Depuis quelques décennies, je m’intéresse aux multiples facettes de ce fascinant jeu que sont les échecs particulièrement celles qui touchent les similitudes avec la vie courante.

Voyons quelques exemples :

Le temps
Dans le jeu comme dans la vie, il y a une variable incontournable qui se nomme le temps. Cet élément qui parfois semble nous couler entre les doigts sans que nous puissions y faire quoi que ce soit, du moins c’est notre impression, mais c’est un leurre.

Le temps est là, implacable et réparti avec justesse et justice pour chacun de nous. Chaque joueur ayant passé le stade de débutant (celui où le temps n’est pas vraiment tenu en compte) doit prendre en considération cette variable et y penser tout au long de la partie pour ne pas être en pression de temps et risquer de perdre par ce facteur au détriment de son partenaire de jeu.

Dans notre quotidien, il en va de même, tenir compte du temps qui nous est donné comme un cadeau et décider ce que nous allons en faire de la façon la plus efficiente possible.

L’espace
Le jeu se situe dans un espace limité de 64 cases (8x8) bicolores sur une surface plane en deux dimensions. Mais ce n’est qu’en théorie. Un Roi qui est retranché dans un coin ou encore sur une bande du jeu est plus à l’étroit dans ses déplacements que dans le centre du jeu, alors, la relativité d’Einstein est encore présente dans cette dimension du jeu.

Comme dans la vie, je peux me sentir coincé dans un espace restreint, mais je peux laisser aller mon âme aux confins de l’univers et me sentir ainsi totalement libre et sans limites.

Le matériel
En plus de la planche de jeu, l’échiquier, il y a les 32 pièces : 16 blanches et 16 noires. Parfait équilibre des forces en présence, du moins au début. Le but du jeu qui est de mettre le roi adverse échec et mat, exige de vaincre le matériel du partenaire de jeu, de rompre l’équilibre dès le début du jeu.

Plus la partie avance et plus cet équilibre se complexifie. En plus de sa dimension matérielle, sa situation dans l’espace sur l’échiquier et son temps restant alloué pour la partie à chaque joueur font de ce jeu une expérience ludique d’une rare difficulté doublée d’une insolite fascination.

Tout comme pour notre existence, dans laquelle nous devons composer avec plusieurs impondérables et pas toujours dans un ordre préétabli, cette variable nous amène à des chemins parfois imprévus, voire périlleux, à faire des choix.

La compétition
La richesse du jeu d’échecs hormis sa diversité de combinaison dans son jeu, c’est qu’il nous confronte davantage à nous-mêmes qu’à notre partenaire de jeu. Je dis sciemment partenaire de jeu et non adversaire, car posons-nous la question sur la compétitivité et la relation avec nos proches. En effet, est-ce qu’un adversaire accepterait de jouer avec nous? C’est une éducation à transmettre avec urgence à nos jeunes.

La compétition doit céder le pas au plaisir du jeu. Plaisir qui implique deux participants donc ultimement deux gagnants! La victoire n’est pas sur l’autre, mais sur soi. Faire de notre mieux, telle la devise du scoutisme, permet aux deux joueurs de sentir que la véritable réussite est dans l’amélioration de soi.

Le respect
Là encore, le jeu nous l’enseigne avec beaucoup de simplicité et d’efficacité. Respecter qui, respecter quoi? Le partenaire, le matériel, les règles du jeu et l’environnement sont autant de facettes de cette valeur fondamentale trop souvent banalisée et reléguée au second plan.

À présent, les gens ne respectent que ce qu’ils ont perdu ou ce qu’ils sont presque sur le point de perdre. Quand nous sommes confrontés à respecter les gens, ceux-ci prennent alors un sens différent pour nous. Il en va de même pour les choses, les règles et l’environnement.

La patience
Quand j’étais jeune adulte, je jouais souvent dans des tournois d’échecs avec de fort bons joueurs et l’un d’eux me servit une leçon que je n’ai jamais oubliée. Il me dit : « Si tu veux devenir un bon joueur d’échecs, tu dois apprendre à jouer assis sur tes mains. » Je ne comprenais pas vraiment le sens de ses paroles. Il m’expliqua que de jouer trop hâtivement allait me faire perdre plus de matchs que d’en gagner et que pour éviter cela, prendre le temps de poser ses mains sous mes cuisses allait m’aider à mieux réfléchir et m’éviter de jouer trop précipitamment.

Quelle valeur que la patience! Montrer aux jeunes à prendre leur temps alors que nous passons tout notre temps à leur dire de se dépêcher. Le respect de l’autre passe aussi dans cette attente non seulement tolérée, mais acquiescée. Se donner le temps de bien faire les choses comme disait mon père.
Dans un monde trépidant où les automobilistes coursent pour aller prendre ça relaxe, quel paradoxe! Donner aux jeunes un instant d’éternité pour leur laisser savourer toute l’ampleur du moment présent.

Le droit à l’erreur
Quand je débute une classe d’échecs avec des jeunes, je leur donne mes 5 règles de fonctionnement dont celle-ci : que chacun, nous avons droit à l’erreur. Donner la chance de ne pas perdre la face parce que quelqu’un a fait une erreur. En somme, être magnanime. Combien de conflits, mineurs au départ, cesseraient d’exister si les parties en cause se donnaient le droit à l’erreur et l’accordaient à l’autre?

La bonne attitude
J’explique aussi ce qu’est une bonne attitude de gagnant ou de perdant. Je leur dis que le véritable gagnant est celui qui apprend de sa partie. Donc deux gagnants potentiels. Reconnaitre la victoire de l’autre et en être fier pour lui, voilà la vraie bonne attitude.

La prise de décision
Donner aux jeunes la possibilité de décider, de faire des choix et d’en assumer toutes les conséquences, voilà une magnifique formation pour les adultes de demain.

Le sens des responsabilités est tributaire de la prise de décision et de l’acceptation inconditionnelle des conséquences qui en découlent.

J’interdis, dans mes classes, l’utilisation des effaces, car aux échecs comme dans la vie, on ne peut recommencer une chose qui est déjà accomplie. On ne peut que faire mieux la prochaine fois. Une des règles du jeu stipule : Pièce touchée, pièce à jouer; pièce lâchée, pièce jouée. Cela force les jeunes à réfléchir avant d’écrire n'importe quoi, car le crayon est parfois plus rapide que la réflexion.

Les étapes du jeu

L’ouverture
La partie d’échecs peut être assez facilement comparée à la vie. Le début de la partie ou l’ouverture (la naissance) permet aux joueurs de faire des choix qu’ils devront assumer tout au long de la partie. Par exemple : un pion poussé ne peut être reculé.

Le milieu
Puis vient le milieu de la partie où les stratégies (orientations) et les tactiques (combinaisons) canaliseront les forces en présence. C’est généralement dans cette étape du jeu qu’on reconnaitra la personnalité du joueur. Est-il du type offensif ou défensif? Plus positionnel ou plus tactique? Encore là, les nuances sont de mises.

Une des qualités des bons joueurs d’échec est la capacité de s’adapter à son partenaire de jeu. Si le jeune ne pense qu’à jouer son cavalier sans tenir compte des coups de son partenaire de jeu alors, il perdra à coup sûr cette partie.

La finale
Ici se retrouve le fruit des décisions prises dans l’ouverture et du développement dans le milieu de partie. Action égale réaction.

Il y a un facteur de chance dans le jeu d’échecs, celui de profiter des opportunités que notre partenaire nous offre. S’il fait une erreur de calcul dans une combinaison alors, saurai-je l’exploiter?

Bien que la finale se déroule avec un matériel assez réduit, une plus grande précision est requise sans quoi nous donnerons à notre partenaire de jeu un avantage indéniable.

Notes sur l’auteur :
Sylvain Daigle, un joueur d’échecs depuis plus de 40 ans, enseigne les échecs dans les écoles primaires depuis 3 ans en collaboration avec l’Association Échecs et Maths. Depuis octobre 2009, il donne aussi son enseignement dans les écoles à domicile.