jeudi 7 juin 2012

Qui dit vrai?

Bonjour,

Vous trouverez ici deux textes publiés dans Le Monde Fr qui tranchent par leur différence. Je vais me permettre d'apporter quelques correctifs au besoin en me basant sur les faits qui sont connus, mais qui ont été sciemment omis dans ces textes, histoire de sauver la face de leurs auteurs. Les textes en italiques sont mes commentaires.
Une minorité boycotte les cours

« Beaucoup de choses ont été dites sur le boycottage des cours par une minorité d'étudiants québécois. Parlons des faits.

D'abord, il importe de prendre en considération qu'à l'heure actuelle plus de 70 % des étudiants québécois ont terminé leurs cours et leur trimestre d'études, comme prévu. Cependant, un autre groupe, qui représente moins de 30 % de la population étudiante, a fait le choix de boycotter ses cours. À l'intérieur de ce groupe, une proportion importante d'étudiants n'a pu suivre les cours pour lesquels ils ont payé, puisque l'accès à leur établissement d'enseignement leur était bloqué par des étudiants qui employaient l'intimidation pour les empêcher d'aller à leurs cours.
" On semble oublier que tous les étudiants en grève n'ont pu suivre les cours qu'ils ont payés, pas seulement une proportion. Par souci de respect envers ceux et celles qui ont obtenu démocratiquement le droit de grève et de manifester, il serait plus adéquat de dire qu'ils employaient la manifestation et non l'intimidation. "

Il va de soi que l'éducation joue un rôle central dans la réussite et le développement de la société. En ce sens, le Québec doit augmenter le financement de ses universités, lesquelles font face à des problèmes en raison de leur sous-financement. Sur ce point, tout le monde doit faire sa juste part : l’État, les institutions d'enseignement, le secteur privé et les étudiants.
" On parle de sous-financement, mais on se garde bien de parler de meilleure gestion qui pourrait dégager des fonds. Il semble y avoir une carence à ce niveau. La juste part du secteur privé est de combien? À quel niveau? Et la population payante directement ou indirectement est où là-dedans? On n'en parle pas, ce n'est pas important? "

Après des dizaines d'années de débats, notre gouvernement a mené en 2010 une vaste consultation. Tous les partenaires du milieu de l'éducation ont été invités à discuter des enjeux touchant à l'avenir de nos collèges et universités. Nous avons mené cet exercice avec rigueur, ouverture et franchise. Des consensus en sont ressortis. Le gouvernement croit qu'il est maintenant temps d'agir.
" Cette vaste consultation en décembre 2010 était en fait une opération marketing visant à promouvoir la décision déjà prise par le gouvernement. Devant cette mascarade, les représentants étudiants et les fédérations des professeurs se retirent de cette pseudo-consultation. Cet exercice a été fait avec rigueur certes, mais pour l'ouverture et la franchise, on repassera. "
Sur cette question, notre position est juste et équitable. Elle s'appuie entre autres sur notre objectif, qui est d'assurer l'accessibilité à tous les domaines d'études, pour tous les étudiants, et ce, tout en respectant la capacité de payer des contribuables. En aucun cas, les droits de scolarité ne doivent être un obstacle à l'accès à l'enseignement supérieur.
" L'objectif néolibéral est le coeur du problème. Les contribuables sont surtaxés et demandent au gouvernement de rééquilibrer l’assiette fiscale. Le secteur privé est de moins en moins taxé et le manque à gagner est ainsi refilé aux contribuables qui en ont marre. En passant, les étudiants sont aussi des contribuables, non? " 

Rappelons que les droits de scolarité au Québec sont les plus bas d'Amérique du Nord. Le Québec dispose également du programme de prêts et bourses le plus généreux du continent. Le gouvernement demande aux étudiants de faire leur part, avec une contribution qui représente 17 % du coût de leur éducation. Il s'agit d'une hausse annuelle des droits de scolarité qui représente 39 centimes d'euro par jour.

Afin d'assurer l'accès aux études, depuis mars, nous avons notamment bonifié le programme de prêts et bourses et annoncé la mise en place d'un mécanisme de remboursement de la dette d'études proportionnel au revenu. Néanmoins, certains leaders des associations étudiantes du Québec continuent de militer pour le gel des droits de scolarité. Pour protester, ils encouragent le boycottage des cours.
" En fait, les leaders étudiants demandent en premier les chiffres, les états financiers chiffrant les besoins réels des Universités. Ils demandent aussi, la reddition de compte des Universités dans leurs gestions. Cette demande est actuellement toujours sans réponse. "
C'est donc dans ce contexte que notre gouvernement a fait adopter la loi 78 , "loi permettant aux étudiants de recevoir l'enseignement dispensé par les établissements de niveau postsecondaire qu'ils fréquentent". Celle-ci vise à garantir l'accès à l'éducation, à permettre aux étudiants de suivre leurs cours en toute sécurité. Elle vise également à encadrer les manifestations en assurant la sécurité de chacun, tout en protégeant le droit de manifester et celui de l'accès à l'éducation.
" Comme désinformation on ne peut faire mieux. Cette loi spéciale 78 est d'ailleurs contestée actuellement devant les tribunaux pour les motifs suivants : non-respect des droits fondamentaux d'association, d'expression et de manifestation. Pouvoir abusif à la ministre au détriment du Parlement et du système judiciaire. On est loin des propos de Jean Charest. "

Le Québec est une société moderne et démocratique dont le système judiciaire est indépendant. Notre gouvernement a le devoir de protéger ses citoyens comme l'indique la Charte québécoise des droits et libertés : "Les libertés et droits fondamentaux s'exercent dans le respect des valeurs démocratiques, de l'ordre public et du bien-être général des citoyens du Québec. La loi peut, à cet égard, en fixer la portée et en aménager l'exercice."
" Ici encore mon précédent commentaire s'applique intégralement, la fausse représentation de Jean Charest est honteuse et méprisante. "

Enfin, rappelons que le Québec est un État de droit et une démocratie, qui s'exprime dans l'un des plus vieux Parlements au monde. Notre société a une longue tradition de débats tenus dans le respect des uns et des autres. C'est le Québec que je connais et celui que vous appréciez.
" Belle tentative de redorer le blason du Québec aux yeux de la francophonie mondiale. Parler de démocratie, quand soir après soir, les policiers arrêtent arbitrairement des manifestants festifs et pacifiques, ça ne tient pas la route. De partout au Québec, les casseroles se font entendre pour dire au gouvernement leur indignation. Heureusement, la vérité est plus crédible que les mensonges de Jean Charest. "

Jean Charest, premier ministre du Québec »

Au Québec, "le pouvoir libéral de Jean Charest est usé"

« Le dictionnaire des synonymes a déjà été retourné plusieurs fois pour décrire la mobilisation ayant actuellement cours au Québec. Une grève étudiante sans précédent, qui s'est transformée au fil des semaines en mobilisation citoyenne historique, en grande partie grâce à l'intransigeance du gouvernement de Jean Charest. Depuis les dernières semaines, les médias internationaux se sont emparés de l'affaire. Les images de manifestations et d'affrontements font les manchettes partout à travers le monde. Que se passe-t-il au Québec?
" Les libéraux sont fragiles aux synonymes, c'est un boycott et non une grève. Une grève donnerait des droits aux étudiants alors que des boycotts n'en donnent pas selon les libéraux. Ils sont aussi allergiques au mot "moratoire" qui est pourtant français. Par contre, les épithètes fusent pour démoniser les étudiants et leur mouvement : intimidation, violence, terrorisme, menace, etc."
Les premières traces de la lutte actuelle sont à rechercher dès 2010. À la fin mars , le ministre des Finances du Québec Raymond Bachand dépose un budget qu'il qualifie lui-même dans les journaux de "révolution culturelle". Il n'aurait pas pu mieux dire: le budget est historique. Il contient une série de mesures de tarification et de privatisation des services publics : la hausse des frais d'inscription à l'université y est annoncée (75% en 5 ans), ainsi que l'instauration d'une "taxe santé" annuelle de 200 dollars pour avoir accès au système de santé public et universel québécois et une augmentation de 30% des tarifs d'électricité. Déjà, on le voit: la hausse des frais de scolarité s'inscrit dans une vague beaucoup plus large de mesures d'austérité néolibérales.

C'est à partir du dépôt de ce budget incendiaire que la mobilisation s'ébranle, en crescendo jusqu'au 13 février dernier, où 11 000 étudiants et étudiantes déclenchent une grève générale illimitée. Rapidement, ce nombre gonflera, pour atteindre 300 000 grévistes le 22 mars, dont au moins 200 000 dans les rues de Montréal. Un moment clé de la grève : les étudiants et les étudiantes prennent conscience de l'ampleur et du potentiel de leur propre mobilisation. La lutte commence à s'élargir : les expressions "Printemps québécois" et "Printemps érable" naissent sur la bouche des manifestants. Cela se traduit aussi dans la rue. Les citoyens sont de plus en plus nombreux dans les rues. Des collectifs de poésie apparaissent. De nombreux événements de prise de parole sont organisés. Un mois plus tard, au jour de la Terre, les Québécois sont 250 000 dans les rues pour défendre le bien commun. L'ébullition politique est sociale est à son maximum. Chaque soir, des milliers de personnes descendent dans les rues, majoritairement les étudiants et les étudiantes.
" Mais où est le gouvernement pendant ce temps? Le premier ministre a-t-il rencontré les leaders des associations étudiantes pour dénouer l'impasse? Pour amorcer des négociations? Le gouvernement rétorque qu'il ne négociera pas avec des terroristes??? Lesquels? Le premier ministre peut-il au moins discuter avec eux? Non, car la joute politique est de gagner des points de sondage en vue des élections au lieu de régler le conflit. "
Lorsque le gouvernement de Jean Charest adopte sous bâillon parlementaire la loi spéciale 78 qui suspend les sessions universitaires et encadre sévèrement le droit de manifester. C'en était trop : la marmite saute. La colère accumulée contre le gouvernement Charest en plus de 10 ans se traduit enfin dans la rue. Par dizaines de milliers, des familles québécoises descendent spontanément dans les rues casseroles à la main, et plus seulement à Montréal. Depuis, le tintamarre se fait entendre chaque soir, à 20 heures dans toutes les villes du Québec.
" Après un simulacre de négociation (pour les leaders étudiants) ou de discussion (pour le gouvernement), le gouvernement prétexte une impasse pour rompre les discussions. La ministre de l'Éducation Michelle Courchesne dit qu'elle ne peut aller plus loin politiquement et que c'est une question de relations publiques. En clair, le gouvernement ne veut pas perdre la face et il doit durcir la ligne avec les jeunes. Mais paradoxalement, leur porte est toujours ouverte. "
Le pouvoir libéral est usé. La montée de lait actuelle s'inscrit dans une escalade de l'insatisfaction qui s'étire sur plusieurs années : corruption, scandale des gaz de schiste, favoritisme envers le milieu des affaires, saccage de l'héritage social-démocrate du Québec, gestion déficiente des ressources naturelles. Quelle que soit l'issue de la grève étudiante, la vague de changement qui s'est ébranlé ce printemps ne s'arrêtera pas de si tôt. Contre tous les préjugés, la jeunesse québécoise a accepté de jouer son rôle historique : défendre la justice sociale. Et nous sommes des centaines de milliers. Difficile de ne pas être optimiste.
" J'ajouterais que des milliers de citoyens de tous âges en colère se sont joints aux étudiants et réclament des élections pour chasser ce gouvernement du pouvoir qu'il exerce de plus en plus comme un tyran. "
Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de la CLASSE »

Force est de constater que la dichotomie des positions nous démontre que ce gouvernement est de plus en plus retranché derrière son idéologie néolibérale et de plus en plus éloigné du peuple dans son ensemble. Un premier ministre qui daigne après 106 jours de grève rencontrer les leaders étudiants moins d'une heure et qui passe devant toutes les tribunes médiatiques ou économiques des heures et des heures nous expose sa réelle nature. C'est l'économie d'abord et les étudiants ensuite, venant du ministre de la Jeunesse, dont Jean Charest est le titulaire, c'est très inquiétant!

Vivement des élections!

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