samedi 28 juillet 2012

Mélange des genres en politique québécoise

Bonjour à vous,

Un peu de tout, fédéraliste, séparatiste, autonomiste, nationaliste, souverainiste, indépendantiste, réformiste, étatiste. Il y a aussi les durs et les mous dans tout ça.

Tous les Québécois sont souverainistes

Antoine-Sylvain Côté
Enseignant de français et ex-journaliste
Source : La Presse, 26 juillet 2012

Ne pas être souverainiste au Québec, en 2012, ou n'importe quand à travers notre histoire, que l'on soit francophone, anglophone ou allophone est un non-sens. Nous sommes tous souverainistes, certains ne le savent pas encore, d'autres ne comprennent pas les enjeux qui font que la souveraineté est la seule option.
Le premier postulat qu'il faut faire, pour en arriver à une conclusion aussi réelle, est le suivant : la langue, issue de notre histoire commune - et je ne parle pas de l'anglais -, possède une valeur incommensurable ; elle est de ces richesses dont la pérennité doit être assurée sans concessions. La seule raison de devenir souverain est liée à l'identité, même si Jacques Parizeau avait effleuré l'idée d'une souveraineté économique à laquelle je ne crois pas. Dans les deux cas, économie florissante ou agonisante, cela ne justifie pas une telle émancipation. Notre démarche souverainiste s'inscrit dans la recherche d'un mouvement identitaire basé sur des valeurs communes, mu par un désir commun de préserver les acquis de nos racines historiques. Or, cette langue que nous avons négligée, cette histoire que nous cherchons à oublier, ces valeurs bafouées par le néolibéralisme, qui font que le Québec est un pays en soi, doivent être replacées au premier plan de nos actions communes. La souveraineté n'est pas chose politique, elle n'est pas non plus le jouet de la rhétorique des profiteurs ou de la propagande des manipulateurs. Elle appartient au peuple québécois.

C'est elle qui se manifeste dans nos rues aujourd'hui, qui rêve à des jours plus cléments, des jours où tous les êtres responsables du Québec s'uniront et confronteront leurs peurs et leurs désillusions et les abattront. On ne marche pas aujourd'hui pour les frais de scolarité réellement, on ne marche pas non plus pour des causes si pragmatiques ; on marche pour la souveraineté des idées, pour la souveraineté des valeurs, pour s'affranchir du passé, car nous sommes gouvernés par des intérêts qui ne sont pas les nôtres, parce que ces intérêts nous ont plongés dans une dormance de laquelle les jeunes nous somment d'émerger. Comment des intérêts malséants peuvent-ils s'implanter jusque dans notre subconscient : par la peur, par la manipulation, par la désinformation; ils se sont immiscés en nous comme une couleuvre rampe subrepticement vers sa proie naïve.

J'ai toujours cru que les Québécois avaient renoncé à leur liberté par peur, par crainte de représailles, surtout parce qu'ils s'étaient construit des représentations erronées de la souveraineté. Je crois aussi qu'il y a un désengagement des Québécois envers les Québécois, ce qui est un paradoxe inextricable. La souveraineté n'est pas une rupture avec le Canada, elle n'est pas non plus une fermeture sur le monde ; elle est une solution pour l'épanouissement d'une société distincte, la mise en lumière de ses valeurs et l'actualisation de ses projets.

Au Québec, tout ce qui est guerre nous blesse, le développement pétrolier s'oppose à notre respect environnemental, la dénégation de notre art nous rabaisse cependant que le faciès de la Reine nous humilie. C'est pourtant ce vers quoi nous allons, cela qui entrechoque nos convictions profondes, nos valeurs que nos gouvernements taisent. Il est là le défi des partis souverainistes; celui de reconstruire les ponts avec la population fière en mettant de l'avant un projet de société scrupuleux, tout en prenant ses responsabilités.
Je comprends de ce texte, la conviction de son auteur sur l'urgente nécessité de faire la souveraineté pour assurer la survivance du peuple québécois qui vient de se réveiller grâce aux agissements des jeunes. Mais dire que tous les Québécois sont souverainistes ne tient pas la route, car les faits référendaires et les sondages démontrent le contraire. Autre chose, il y a autant de raisons de faire la souveraineté que de s'acheter une maison, selon les gens et leurs motivations, on ne peut réduire cela qu'à la survie de l'identité québécoise.

Non, les Québécois ne sont pas souverainistes

Christian Tremblay
Écrivain
Source : La Presse, 27 juillet 2012
Cet article se veut une réponse à mon collègue qui a publié un peu plus tôt sous le titre « Tous les Québécois sont souverainistes ».

Non, les Québécois ne sont pas souverainistes. Je ne parle même pas des sondages qui confirment les uns après les autres que cette option n'est pas majoritaire. Pour aller sur le même terrain que l'auteur de l'article qui fait de la souveraineté un fait identitaire de la langue, je trouve cet argument très insultant pour les Québécois qui sont de souche autre que la vieille France.

On nous parle d'ouverture sur le monde? Et bien ce n'est pas en tenant ce genre de discours réducteur que nous allons y arriver. Un Québécois est une personne qui réside au Québec, point. Il n'y est aucunement question de langue là. Il n'y a pas de « vrai » Québécois. Ce concept est purement raciste.


La langue est le moyen de communication majoritaire au Québec et il est important de la préserver. De là à définir ce qu'est un Québécois avec cette seule variable, c'est un pas à ne plus franchir, plus jamais.


Nous avons beau nous illusionner avec des rêves à 10 000 mètres, les Québécois ont avant toute chose une vie nord-américaine comme tous les autres. Nous allons au même Wal-Mart que le gars du Kansas ou la fille de Vancouver. Nous allons également au même dépanneur du coin.


Il faudrait peut-être arrêter de croire que notre peuple est un peuple au-dessus des autres. Nous ne sommes pas « moins », mais nous ne sommes pas « plus » non plus.


La langue n'est pas une question de souveraineté mais de culture. Oui il faut se battre pour la garder et j'en suis. Les Québécois de toutes origines consomment une culture québécoise de grande qualité et c'est merveilleux ainsi.


N'en déplaise à plusieurs et malgré beaucoup de problèmes (qui ne sont pas pires qu'ailleurs, au contraire!), il fait bon vivre au Québec. Les chimères de monstres capitalistes prêts à nous avaler ne servent qu'à apeurer la masse.


Nous nous comportons trop souvent comme des schizophrènes qui entendent des voix. NON, il n'y a pas de conspiration mondiale d'êtres puissants qui se lèvent la nuit pour discuter de la manière d'asservir le Québec.


Nous avons besoin d'un gouvernement responsable qui va : protéger la culture de tous les Québécois, protéger notre lieu de vie, créer de la richesse pour tout le monde, gérer l'état et le tout dans le respect de l'environnement et de nos valeurs propres.


Si un jour. nous tous, Québécois de souche ou non, décidions majoritairement de faire la souveraineté, cette décision devrait être prise en regard de toutes ces responsabilités, et non pas seulement au nom de notre langue.
Ce que Christian reproche à Antoine-Sylvain concernant la simplification réductrice à la langue pour expliquer la nécessité de la souveraineté, je pourrais aussi le reprocher à Christian qui simplifie à la seule occupation du territoire sans plus, comme définition de Québécois. De plus, nous identifier aux Américains parce que nous sommes sur le même continent est plutôt choquant. Allez dure à un Belge qu'il est comme un Français ou comme un Allemand parce qu'il vit tout près, vous verrez ça passera pas.

À présent voici ma position concernant la souveraineté et ce qu'est ou doit être un Québec souverain. Commençons par quelques questions :
  1. Est-ce que tous les Québécois sont souverainistes? Assurément, non. Sinon ce serait déjà chose faite. 
  2. Est-ce que tous les résidents au Québec sont des Québécois? Attendez une minute, ne partez pas en peur! Cette simple question mérite réflexion, non? Est-ce qu'un Haïtien qui est au Québec depuis 2 mois est un Québécois? Bien sûr que non. Pourtant, il est sur le territoire québécois. Pourtant, il parle français. Que lui manque-t-il pour être un Québécois? Une formalité administrative (la citoyenneté québécoise)? Non, il lui manque le désir au coeur d'être Québécois. Donc, de cette question initiale du point 2, la réponse est non.
  3. Est-ce que les résidents du Québec qui sont fédéralistes et nationalistes sont des Québécois et des Canadiens? Semble-t-il. Ils sont devant aucun dilemme, sauf en période référendaire, car là ils doivent faire un choix. Ce sont des hermaphrodites politiques.
Un Québécois, selon moi, se définit par quatre critères qui doivent former un tout :
  1. Il doit vivre au Québec.
  2. Il doit parler français.
  3. Il doit connaitre la culture québécoise.
  4. Il désire être reconnu comme Québécois.
Un souverainiste, selon moi, se définit par les points suivants :
  1. Il se reconnait comme Québécois selon les 4 critères ci-dessus.
  2. Il veut faire la totalité de ses Lois sans aucune ingérence extérieure.
  3. Il veut signer tous les traités internationaux.
  4. Il veut gérer tous ses impôts en entier.
Ceux qui se disent fédéralistes, selon moi, veulent :
  1. Avoir deux identités, au cas où l'une ferait défaut.
  2. Laisser les autres décider pour eux pour pouvoir pas la suite exercer leur sport favori : le chialage.
  3. Ne pas assumer pleinement leurs responsabilités, mais dépendre de volontés externes.
  4. Payer en double les deux impôts, les deux taxes, les deux systèmes administratifs...
  5. Abdiquer leur liberté individuelle et collective, au profit d'une soi-disant sécurité nationale.
Bon, voilà pour l'essentiel; pour les détails, j'y reviendrai.

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